Dans la famille de Gabrielle et Margot, les deux fondatrices du studio de création Pied de Poule et qui se trouvent également être cousines germaines, on aime les histoires qui commencent autour d’un bon dîner, ces moments que l’on partage, ce temps que l’on va prendre pour dresser une jolie table, mijoter de bons petits plats. Et puis il y a cette idée un peu folle un jour de revitaliser les arts de la table « à la française », de les rendre plus actuels, plus tendance, et les emmener ailleurs. Un ailleurs où la fantaisie et l’humour règneraient pour raconter de nouvelles histoires.
Revisiter les grands classiques
Originaires de Bordeaux, les deux cousines sont étudiantes à Paris lorsque germe l’idée de cette association de « malfaiteuses ». L’une étudie le graphisme, l’autre la mode, les deux ont des idées et de la créativité à revendre. « Nous étions toutes les deux issues de domaines créatifs et tout ce qui tournait autour des rituels de la table et du plaisir de bien manger étaient importants pour nous. C’est donc tout à fait naturellement que nous nous sommes intéressées aux arts de la table. Sans toucher à la forme, nous avons commencé à travailler le décor et le motif, soit en détournant de grands classiques de notre patrimoine culturel et raviver leur côté un peu Madeleine de Proust, ou alors à l’inverse, en se servant de certaines pièces vraiment décalées pour les rendre à nouveau désirables. » explique Gabrielle Franck, co-fondatrice de Pied de Poule.
L’envie, c’est d’offrir une deuxième vie à ces objets, et de les emmener ailleurs.
Un duo de poulettes
Adoptant le nom de Pied de poule, clin d’œil à ce grand classique du motif mais également au fait que le duo est composé de deux filles, Gabrielle et Margot commencent par chiner des assiettes de grand-mère aux quatre coins de la France. Ces assiettes anciennes dépareillées, redécorées au pochoir avec un motif sérigraphié rose fluo, comme un scotch qui viendrait enrubanner l’assiette, marque leur premier succès commercial.
L’univers joyeux, décalé et ludique des deux « poulettes » s’empare ensuite des pièces iconiques de notre enfance, du verre Duralex au fameux bol breton. « On adore les mots, les histoires, les expressions de la langue française, c’est ce qui nous lie à une culture commune, et qui fait aussi que nos créations ne sont pas vraiment exportables ! » confie Gabrielle.
Ces objets qui racontent notre histoire
Objet culte par excellence, le fameux bol breton, dont la fabrication a été confiée à la faïencerie de Pornic, est épuré de tout folklore. Le bol des vacances se pare désormais de mots doux et de messages taquins. Revisité également, le traditionnel verre de cantine Duralex s’encanaille de messages drôles et tendres à la fois. Jamais à cours d’idées décalées, c’est ensuite aux pichets animaliers que le duo s’attaque avec la collection Volatiles. « On adore leur côté kitch et décalé, mais on avait envie de leur offrir une deuxième vie, de les emmener ailleurs ». Les drôles d’oiseaux, sculptés, moulés et coulés à la Manufacture royale de Saint-Clément, trouvent ainsi une modernité toute nouvelle en monochromie. Là encore, les créatrices s’attaquent à des monuments du patrimoine français des arts de la table, des pièces encore fabriquées dans des manufactures françaises. Le « Made in France », n’est pas vraiment une question pour ces deux entrepreneuses qui ont toujours privilégié les circuits courts dès le départ. « Travailler avec des entreprises proches nous permet d’avoir une réactivité géniale et des quantités qui sont beaucoup plus raisonnables, c’est une question de bon sens et de logique » conclut Gabrielle.