C’est un parcours très riche qui vous a amené au secteur des arts de la table. Pouvez-vous nous en parler ?
J’ai toujours été passionnée par les beaux objets, l’art et la gemmologie. J’aime créer de jolies tables, m’amuser avec les objets, recevoir à Paris ou à la campagne. Ces deux passions m’ont incitée à rejoindre la Maison Christofle en 2015, après avoir travaillé quinze ans chez L’Oréal.
Après la naissance de mon deuxième garçon, j’ai fait une rencontre décisive, celle de Thomas Mulliez, Directeur Général de Degrenne. Ce coup de foudre professionnel m’a amenée à intégrer la marque en 2017, avec un challenge très prometteur : réinventer Degrenne ! Ce fut le début d’une grande et fructueuse aventure, pour rendre cette magnifique marque plus désirable et inspirante.
En 2019, je suis devenue Présidente de la Commission Développement France Arts de la Table de Francéclat, sur l’invitation de Thierry Villotte, Président de la Confédération des Arts de la Table (CAT). Dès le début, je me suis investie autour d’une question forte : « que représentent les arts de la table aujourd’hui ? ».
Depuis le mois de mars 2019, je mets à profit ces années d’expérience, au service d’un nouveau et beau projet chez Dior Maison, en tant que Directrice Marketing International.
Quels sont vos partis pris et vos ambitions au sein de la Commission Développement France Arts de la Table de Francéclat ?
C’est un rôle qui me tient particulièrement à cœur, car il contribue à casser les codes traditionnels des arts de la table, tout en s’ancrant dans une démarche de perpétuelle innovation et d’observation des tendances.
Le rapport aux arts de la table a changé et nous devons, de ce fait, modifier notre approche. Le « Mix and Match » séduit de plus en plus le public et il n’est pas rare que la belle vaisselle soit utilisée quotidiennement. La frontière entre grandes Maisons et petits créateurs est devenue floue, car aujourd’hui, toutes les enseignes proposent de la vaisselle. Il y a pourtant une chose qui ne change pas : l’esprit de partage et le goût de recevoir, que nous devons sublimer, tout en innovant chaque jour.
Quelle est l’histoire des arts de la table chez Dior Maison ?
Ce que le public ignore, c’est que Dior a toujours proposé des services de table. C’est sous l’impulsion de Monsieur Christian Dior, en 1947, que les premières pièces ont fait leur apparition, dans sa boutique, avenue Montaigne à Paris. Au rez-de-chaussée du 30 de l’avenue, Monsieur Dior prônait l’art de recevoir, auquel il accordait beaucoup d’importance. Ses demeures avaient d’ailleurs leurs propres « grigris », leurs propres colifichets, comme il aimait à dire.
À l’époque, le département « Maison » était essentiellement un département « cadeaux ». Monsieur Dior souhaitait que ses clientes puissent toujours repartir avec un petit objet, que ce soit une pièce pour soi ou pour offrir.
« Habiter une maison qui ne nous ressemble pas, c’est un peu comme porter les vêtements d’un autre »
Comment souhaitez-vous faire perdurer cet esprit si particulier ?
De 1947 à 2016, on ne trouvait les objets Dior Maison qu’à Paris, avenue Montaigne. Le département Maison s’est depuis internationalisé, notamment avec l’ouverture de plusieurs lieux d’exception, des « House of Dior » à Londres et Séoul.
Nous souhaitons aussi ancrer les arts de la table dans une démarche de professionnalisation, afin d’asseoir notre légitimité. Je souhaite que nous puissions à la fois séduire nos publics, et des professionnels reconnus de la cuisine. Dans cette optique, nous collaborons par exemple avec le chef Jean Imbert. (N.D.L.R. : notamment sur une nouvelle fragrance avec la bougie Bois d’argent, imaginée avec le chef.)
Quelles sont les sources d’inspiration de vos collections ?
Dior est une Maison qui ne suit pas les modes, mais qui les crée. Et pour les arts de la table, nous nous inspirons naturellement des collections de Haute Couture.
Cette saison, nous avons travaillé la collection Dior Maison « Check’N’Dior », comme un écho à l’esprit anglais du défilé prêt-à-porter de Maria Grazia Chiuri (Directrice Artistique des collections femme de Christian Dior).
Cordelia de Castellane, notre Directrice Artistique pour la Maison, a associé sur ces pièces, des carreaux aux motifs des cartes à jouer, comme autant de symboles de chance, hommages à la superstition de Monsieur Dior. Ces codes très forts, comme le cannage, les toiles, les cartes, le muguet… Nous voulons les réinventer avec audace, pour surprendre nos publics.
Que pouvez-vous nous confier sur les futures collections ?
Nous préparons beaucoup de belles surprises, toujours dans l’optique de surprendre le public. Je peux vous dévoiler que nous allons prochainement présenter une collection sur les abeilles, un thème que Monsieur Dior aimait beaucoup. Il disait se sentir comme dans une ruche, avec ses couturières, qu’il surnommait affectueusement, ses « petites abeilles ».
Enfin, Monsieur Dior avait une affinité particulière avec les artistes. Ses amis étaient le poète et cinéaste Jean Cocteau, ou encore le compositeur et pianiste Francis Poulenc. Nous souhaitons faire perdurer ce lien à l’art, en collaborant avec des artistes et designers très actuels, comme India Mahdavi (N.D.L.R. : qui a dessiné l’assiette Dîner Jardin d’hiver au bord ajouré)ou encore Noé Duchaufour-Lawrance (N.D.L.R. : avec la lampe baladeuse Corolle).