Astier de Villatte et John Derian - Les arts de la table
Rencontres
Crédit photo : Astier de Villatte

Astier de Villatte et John Derian

Plus qu’une collaboration, une alchimie !

Difficile de les dissocier tant leur collaboration relève de l’alchimie. La Maison de céramique Astier de Villatte et le créateur new-yorkais John Derian ont croisé leurs univers pour n’en faire qu’un et inscrire leur fructueuse association dans le temps.

Manufacture française de céramique incarnant le chic parisien, on croirait Astier de Villatte centenaire, à l’image des grandes maisons de faïencerie françaises. Créée en 1996, Astier de Villatte est pourtant toute jeune et doit sa création à deux anciens étudiants des Beaux-Arts de Paris, Benoît Astier de Villatte et Ivan Pericoli. Une imprimerie typographique, une maison d’édition, un atelier de création de parfums et deux boutiques parisiennes plus tard, en deux décennies la Maison Astier de Villatte s’est hissée parmi les grands noms de l’artisanat français.

Une Maison parisienne à contre-courant

Héritière du savoir-faire des ateliers de céramique du XVIIIe siècle, Astier de Villatte affirme dès sa création un style qui fait mouche avec ses pièces en céramique blanche à la patine intemporelle. Assiettes, tasses, plats, théières… les pièces réalisées de manière artisanale selon la technique ancestrale de l’estampage, affichent le charme discret de l’imperfection qui deviendra la marque de fabrique d’Astier de Villatte.

Chaque pièce, unique, est encore fabriquée à la main par l’un des trente artisans que compte l’atelier installé dans le XIIIe arrondissement de Paris. Un atelier où la plupart des céramistes sont d’anciens moines tibétains aux gestes aussi précis que délicats.

Au vrai luxe de la simplicité et du raffinement spartiate, la Maison Astier de Villatte allie l’anticonformisme. Le savoir-faire ancestral se teinte d’irrévérence, mixe les cultures, s’affranchit des codes, des styles et des époques. Un grain de folie que Benoît Astier de Villatte et Ivan Pericoli distillent dans leurs créations en croisant leur univers avec celui d’autres artistes et talents.

Crédit photo : Astier de Villatte

Le passé recomposé du créateur new-yorkais John Derian

La collaboration entre Astier de Villatte et John Derian apparaît comme une évidence, tant leurs imaginaires se complètent. Créateur new-yorkais en vogue, John Derian navigue entre le très branché quartier de l’East Side et un univers bohème au passé recomposé. Maître du shabby-chic (shabby se traduisant en français par élimé ou usé), son carnet de curiosités se compose d’objets chinés, de meubles subtilement patinés par le temps, de souvenirs venus du passé.

À New York, les trois boutiques de la John Derian Company ne désemplissent pas : la première, consacrée aux meubles, la deuxième aux textiles, et la troisième aux accessoires pour la maison et aux découpages qui ont fait sa notoriété. Ils trouvent un écho dans les créations de la maison Astier de Villatte.

Dans son studio, le New-yorkais fabrique à la main ses créations. Les découpages sont réalisés à partir de retirages couleurs d’images des XVIIIe et XIXe siècles issues d’une vaste collection personnelle d’archives, de livres et de gravures anciennes accumulés au fil des années. John Derian assemble et fixe ses créations sous du verre et crée sa propre ligne de produits estampillés de ses illustrations vintage.

Une alchimie entre deux univers

La rencontre entre Astier de Villatte et John Derian sonne comme une évidence. En 2011, le créateur new-yorkais est invité à imaginer des découpages pour illustrer les pièces de la maison parisienne. De cette première collaboration, naît une collection décalée, inspirée d’anciennes planches d’illustrations naturalistes. Coccinelle, oiseau, trèfle à quatre feuilles, chaise et bougeoir viennent chahuter l’élégante céramique blanche Astier de Villatte qui devient alors « collector ».

Saison après saison, la fructueuse collaboration s’inscrit dans le temps tant l’alchimie entre les deux univers semble évidente. De nouvelles assiettes, tasses, théières, plats et vases viennent ainsi chaque année compléter le catalogue. Inspiré des mouvements surréalistes et du dadaïsme, John Derian imagine une théière parée d’un œil, une pomme assiette ou une tasse à motif nuages, tandis qu’une autre année son motif « labyrinthe bleu » habille une nouvelle collection ou que l’année suivante, une humeur bucolique s’empare de l’artiste qui réalise une série printanière composée de fleurs et de ciels étoilés.

Six ans plus tard, les célèbres découpages de cet artiste continuent d’orner les céramiques Astier de Villatte. Dans une toute récente collection, on découvre un flamboyant perroquet, un gros chat, des roses anciennes, des papillons d’un bleu inouï ou encore des arbres aux petites pousses naissantes et dont on découvre le fruit au fond de la tasse. Un imaginaire teinté d’humour et de poésie qui fait désormais la signature de leur collaboration.