Antoine de Rémur, Directeur Général d’Ercuis et de Raynaud - Les arts de la table
Rencontres
Antoine de Remur; DG Ercuis et Raynaud
Crédit photo : Ercuis

Antoine de Rémur, Directeur Général d’Ercuis et de Raynaud

La confidentialité est une force

Son parcours dans le monde du luxe l’a tout naturellement conduit à la direction de ces deux maisons d’exception que sont l’orfèvrerie Ercuis et la Manufacture de porcelaine Raynaud. Deux grands noms des arts de la table et du raffinement à la française pour lesquels Antoine de Rémur devra relever de nombreux challenges.
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Crédit photo : Ercuis

Comment votre parcours vous a-t-il mené jusqu’aux arts de la table et à l’univers du luxe ?

Il y a d’abord l’attention portée à la table dans ma famille, le moment des repas a toujours été un moment joyeux, avec une grande attention pour le dressage de la table, notamment lors des grandes occasions.

Ce sont ensuite des rencontres qui vous ancrent dans un univers dans lequel vous développez des affinités en même temps qu’une expertise : j’ai acquis la culture du luxe chez Hédiard pendant 5 années, puis celle du linge de maison et du linge de table au sein des Tissages Denantes, avant de développer une expertise des arts de la table pendant 12 années chez Guy Degrenne. Rejoindre des marques comme Ercuis et Raynaud a donc été une synthèse assez naturelle de ces différentes expériences.

Nos marques sont confidentielles à l’échelle du monde, et cette confidentialité est une promesse pour nos clients d’acquérir des produits dont la diffusion est restreinte.

Crédit photo : Raynaud

Qu’est-ce cela implique d’incarner 300 ans d’histoire et de savoir-faire haut de gamme ?

C’est avant tout le sentiment de porter une responsabilité à l’égard de deux maisons porteuses d’un savoir-faire exceptionnel. Raynaud est une Entreprise du Patrimoine Vivant et Ercuis l’un des membres du célèbre Comité Colbert. Cela implique de maintenir ces marques à leur niveau très élevé de réalisation, en qualité comme en direction artistique. Cet exercice doit être fait en conservant à chaque marque son ADN, ses fondamentaux, tout en apportant une modernité attendue par nos clients qu’ils soient particuliers, institutionnels, palaces ou encore grands restaurants.

Quelles ambitions avez-vous pour ces deux grandes maisons ?

Notre ambition est de maintenir le prestige de ces deux maisons, de les ancrer sans compromis dans l’univers du luxe et de l’exceptionnel. Nos marques sont confidentielles à l’échelle du monde, et cette confidentialité est une promesse pour nos clients qui souhaitent acquérir nos produits dont la diffusion est restreinte. Si nos ateliers de production ont des capacités suffisantes pour nous permettre de développer notre chiffre d’affaires dans les prochaines années, il nous faudra faire le choix d’une croissance maîtrisée qui nous permette de maintenir la qualité de nos produits. Nos challenges sont nombreux : je citerai en priorité le maintien et la transmission des savoir-faire sur les deux sites industriels d’Ercuis et de Limoges ou encore l’attention portée à notre visibilité sur les réseaux sociaux.

L’art de la table évolue avec la gastronomie et l’évolution de la société en général. Les codes et leur rigidité disparaissent.

Crédit photo : Francis Amiand

Quels seront vos ambassadeurs ?

Nos ambassadeurs sont nombreux. Je pense en particulier à tous les clients qui font le choix de nos produits et qui en parlent autour d’eux. Les palaces et les grands chefs, clients de nos maisons, sont des forts vecteurs de visibilité auprès de la clientèle française et internationale.

Nous sommes assez régulièrement contactés par des clients de ces établissements prestigieux qui souhaitent acquérir l’une de nos références qu’ils ont remarquées. Il y a aussi les architectes et décorateurs qui redécouvrent nos collections et les prescrivent dans tous types de projets à travers le monde, en particulier lors de demandes de réalisations sur mesure de pièces d’orfèvrerie ou de décors sur porcelaine. Je souhaite enfin citer les instances professionnelles qui défendent le prestige de la porcelaine de Limoges, en ayant fait valoir la nécessité d’une Indication géographique protégée (IGP) que l’entreprise Raynaud est l’une des cinq premières entreprises à avoir obtenue. Toutefois, nos ambassadeurs au quotidien sont avant tout nos équipes  qui parlent avec passion de leur métier et de leur entreprise, que ce soit dans un contexte professionnel ou dans leur entourage.

Quelle est votre vision des arts de la table du XXIe siècle ?

Ma vision est que l’art de la table évolue avec la gastronomie et l’évolution de la société en général. Les codes et leur rigidité disparaissent, les gens s’approprient les sujets et les partagent plus facilement sur les réseaux sociaux. Cette nouvelle génération est une génération d’usage, d’expérience, avec un rapport à la possession qui évolue. Cela conduira naturellement à faire évoluer les modes de consommation.

Dans le même temps, des évolutions majeures sont rendues possibles par la technologie, qui permet notamment d’aller très loin dans la personnalisation des objets et la réalisation de pièces uniques à des prix accessibles. Cela répondra à des aspirations personnelles et sociétales.

Mais n’oublions pas que  le repas dans chaque pays respecte des usages  qui perdurent depuis des siècles. Je ne vois pas le XXIème siècle bouleverser les fondements de ce moment si important de la vie quotidienne, chez soi ou à l’extérieur. L’art de la table va continuer à structurer ces moments de partage comme il le fait aujourd’hui. Seule une modification radicale de nos modes d’alimentation pourrait le bouleverser. Nous n’en sommes pas là, et l’engouement pour la cuisine et la gastronomie à travers le monde ne peut que nous rassurer.