Le peintre a saisi son pinceau et sa plume. L’encre et l’aquarelle ont jailli ; d’abord sur du papier puis sur de la faïence pour donner vie à la collection « Jardins Extraordinaires », fruit d’une rencontre entre la Faïencerie de Gien et l’artiste peintre Cyril Destrade. A travers quatre dessins aussi narratifs que décoratifs, le peintre participe à un art de vivre à la française plus libre.
Dès le premier regard, les couleurs emportent l’œil, d’assiette en assiette, pour un voyage autour du monde. Nous remontons un fleuve asiatique, observant une pagode sur la rive, avant de partir vers l’Afrique du Nord pour y découvrir un Mausolée Oriental. Nous prenons ensuite l’avion pour l’Amérique du Sud, où le thé nous attend, dans une hacienda couleur de feu. Enfin, nous arrivons sur le vieux continent, sous le kiosque à musique des Jardins du Luxembourg où il fait bon se reposer. La collection associe des édifices culturels, emblématiques, et des jardins sauvages, surréalistes, de plusieurs pays.
En liant des motifs variés, Cyril Destrade crée un parcours, presque un labyrinthe, dans lequel chaque détail a son importance. « Dessiner une chaise, c’est simple. Il suffit de quelques traits qui se croisent. Mais bien choisis et exécutés, ces traits permettent de raconter des histoires pour nous emmener très loin. (…) Cette collection est à la fois très dessinée et spontanée, avec peu de tracés mais beaucoup de couleurs. J’ai voulu qu’il y ait un côté narratif mais également décoratif ». Grâce à l’agrandissement de petits motifs, la collection se décline en d’autres éléments de la table ; comme des fragments de « Jardins Extraordinaires ».
« La création est imprévisible »
Cette collaboration a du succès en France et à l’international, mais l’artiste reste prudent à chaque nouvelle idée. « Il y a toujours beaucoup d’éléments qui entrent en ligne de compte dans le processus créatif : le concept, le hasard mais aussi l’attente commerciale et celle du marché. Cela doit être une leçon d’humilité pour tous les artistes et artisans… la création est stressante et imprévisible, comme la vie. Il faut toujours être sur la brèche, à l’aune de sa propre expérience pour sans cesse innover. C’est galvanisant ».
C’est aussi son côté hédoniste qui a poussé l’artiste vers la Faïencerie de Gien. « J’aime l’art de la table autant pour les assiettes que ce qu’il y a dedans, d’où l’envie de dessiner un service. C’est une belle rencontre, intervenue dans une période charnière pour la faïencerie. Leur outil de production est superbe mais il y avait aussi un besoin de renouveler les visuels, de rendre les arts de la table plus attractifs et modernes ».
Quand l’art de la table se donne de nouveaux airs
Cyril Destrade apprécie la liberté nouvelle des arts de la table. « J’ai vécu un an à Londres. Les Anglo-saxons avaient déjà un rapport au repas très « chill ». Leur cuisine est rock’n’roll, à l’image de ce que fait le chef Jamie Oliver : des plats déstructurés avec une esthétique pop, presque musicale ».
Pour cet amateur de cuisine, « En France, le repas est encore sacré, avec de fortes traditions. Tout le monde commence à cuisiner et il y a cette volonté de casser les codes ». D’où l’intérêt de proposer des collections aussi originales que les « Jardins Extraordinaires »… auxquelles la Faïencerie de Gien associe des objets plus neutres, de couleur unie, pour laisser à chacun la liberté de réussir son propre « mix and match », et exprimer sa personnalité.