Année 2000, année zéro et début de l’histoire entre Arc France, la marque Cristal d’Arques et le créateur René Barba. Engagé comme créateur international, cet apporteur d’idées et designer imagine, tel un devin, l’avenir du Design. L’auteur des collections « Macassar » et « Architecte » a su donner un nouvel éclat au cristallin de la marque Cristal d’Arques. Rencontre.
La collection « Architecte » (à gauche), inspirée des années folles, et la collection « Macassar » (à droite) ont des touches très Art Déco. D’où cela vient-il ?
Je suis cubain mais j’ai grandi à Miami Beach, en Floride. J’y ai découvert l’Art Déco, qu’on appelle aussi « Tropical Déco ». On retrouvait ce style un peu partout là-bas, à travers l’architecture de l’époque, les grands immeubles et les hôtels tout en hauteur, avec des jeux de lumière, de lignes, et des couleurs pastel sur leurs façades (…). Ma passion pour ce style s’est accentuée quand, dans le cadre de mes études aux Arts Décoratifs de Miami, j’ai participé à un projet de restauration d’immeuble pour lequel je m’occupais des couleurs.
Au-delà de l’influence qu’a eu votre enfance, pourquoi avoir choisi cette époque plutôt qu’une autre pour imaginer ces deux collections ?
C’était comme une évidence… Pour commencer, l’Art Déco est une période qu’on revisite beaucoup de nos jours. C’est intéressant de voir comment ses codes sont utilisés comme base de travail pour imaginer de nouvelles choses ; Cela s’appelle d’ailleurs le « Néo Art Déco ».
Ensuite, l’Art Déco joue énormément avec la lumière, les éclats, les facettes, tout comme le cristallin. Je n’ai donc eu aucune hésitation à m’inspirer de cette époque pour travailler sur les collections « Macassar » et « Architecte », même si plusieurs autres époques m’inspirent et m’attirent aussi.
Si vous vous inspirez des époques, vous êtes aussi un créateur de tendances. Comment les créez-vous, justement ?
Nous, les designers, captons des signes qui peuvent être sociologiques, visuels, ou qui proviennent de simples formes. Ces éléments extérieurs murissent en nous pour apparaitre clairement sous forme de courant dominant. C’est comme cela que nous devenons des sortes de « devins » des tendances.
Nous pourrions presque conclure que le mouvement est inscrit dans l’ADN de l’être humain ?
Pour moi, l’homme est nomade mais la vie sédentaire qu’il mène par obligation ne lui permet par de vivre comme il le devrait. Alors, pour recréer ce mouvement « perdu », il va transformer son environnement immédiat. Cela passe par le fait de changer la décoration de son intérieur, de remplacer des objets ou des meubles par d’autres. Ces changements lui donnent finalement l’impression d’accomplir ce pour quoi il est fait.
Fort de toutes vos observations, quel serait pour vous la prochaine grande tendance ?
Le dépouillement, le minimalisme, l’épuration. Je verrais bien un retour du « Memphis Design », avec des lignes géométriques, des rectangles, des triangles et des couleurs partout ; le dépouillement deviendrait peut-être la prochaine alternative au changement…